Comprendre les effets de la pollution sur la santé nécessite la prise en compte des caractéristiques physico-chimiques des polluants, de leurs effets toxicologiques ainsi que de données épidémiologiques et environnementales. De nombreux contaminants sont connus pour leurs effets oxydants, inflammatoires, apoptotiques ou génotoxiques. Cependant, l’impact sanitaire réel et les mécanismes moléculaires et cellulaires de toxicité de ces polluants restent très mal connus.

De nos jours, les questionnements vis à vis des polluants environnementaux vont bien au delà des mesures des concentrations dans les milieux récepteurs puisque c'est la notion d'effets des agents contaminants qui est devenue centrale. Ainsi, la thématique de recherche de notre équipe répond à des interrogations sociétales en développement. Ces interrogations concernent aussi bien les citoyens que les institutions (ministères, collectivités territoriales, agences telles que l'ANSES, l'ADEME, etc.) et les entreprises.

Il est désormais reconnu que la pollution de l'air a des effets dramatiques sur la santé humaine et constitue un problème majeur pour la communauté internationale. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé qu'en 2012, la pollution de l'air ambiant était responsable de près de 7 millions de décès dans le monde, soit plus de 10% des décès toutes causes confondues, et pouvait être considérée comme le plus grand risque environnemental pour la santé. En France, la pollution de l'air serait à l’origine de 48.000 morts par an, représentant ainsi la troisième cause de mortalité, derrière le tabac (78.000 morts par an) et l'alcool (49.000 morts).

Les impacts des expositions aux aérocontaminants restent élevés du fait de l’importance des populations qui vivent en sites urbains fortement influencés par les émissions du trafic, des sources résidentielles, tertiaires et industrielles. Les expositions chroniques pendant plusieurs années réduisent l'espérance de vie, principalement en raison d'un risque accru de maladies cardiovasculaires, respiratoires et de cancer du poumon. Ainsi, la pollution de l'air serait responsable d’environ 9% des décès dus au cancer du poumon dans le monde, 17% des cas de BPCO, plus de 30% des cardiopathies ischémiques et 9% des infections respiratoires. Par ailleurs, les expositions à court terme peuvent également avoir des conséquences sanitaires, notamment pour les personnes les plus fragiles, en aggravant certaines maladies respiratoires et cardiovasculaires, et déclencher des crises d'asthme et des décès prématurés. Classé comme cancérogène pour l'Homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), il existe également des preuves émergentes de liens possibles avec le diabète, l'obésité, le déclin cognitif, la démence et diverses complications de la grossesse.